Michel Castaignet


Blackdrawings

C’est un piège caverneux dans lequel résonnent encore l’éclat de la pierre et l’ombre des angoisses instinctuelles. Nous sommes revenus à la boite première, noire, obscura. Là où la conscience est en train de naître dans un mouvement de vrille affecté de vertige et de chair dans sa définition la plus protéiforme et la plus polymorphe.
Conscience de soi ? Pas encore. Juste avant. Elle ne sait pas qu’elle est, mais déjà elle a faim. Elle ne sait pas ce qu’elle veut, ni ce qu’elle voit. Elle perçoit. Elle est la définition la plus élémentaire du consommateur. Hermétique au monde, recroquevillée dans le canal cathodique le plus binaire de son autisme.
Un monde absolument binaire. Blanc Noir. Ligne / Surface. Mur / Trou. Silhouette, devenir, existence / Instinct de mort. Le désir est un horizon que la civilisation lui apportera bien plus tard, dans une autre existence, hors de cette boîte.
Mais là, à cet instant reptilien, l’impulsion commande et la pulsion agit. C’est le Graal absolu du dealer.
Le comte Ugolino della Gherardesca a-t-il dessiné à la craie le profil de ses enfants ? Songeait-il à Platon du fond de son caveau lorsque le piège s’est refermé sur lui ? On ne sait pas, mais Michel Castaignet l’a fait. Dans l’application radicale des addictions et l’analyse fondamentale des pathologies du mécanisme psychique, il y a pensé. Il a marqué d’un trait le seuil atteint par l’apnée de la conscience.