Thomas Lélu


Pin up, 2008

On est surpris par la délicatesse des œuvres de Thomas Lélu.
Alors que les magazines de charme nous écrasent de leurs cosmétiques en papier glacé il semblerait plutôt logique de leur rendre une marque de rustre mépris tel le pâle et informe crachat. Par exemple.
Mais non. C’est un contresens.
L’œuvre est au dessus de ces actionnismes communs.
Dans un geste de sublimation verticale, Thomas Lélu corrige l’une et l’autre.
A l’image il offre la chair qui lui manque. Une épaisseur sensuelle, malléable, tactile, et même thermique, chaude ou froide suivant qu’il convienne d’orienter le climat. Une note rythmée, aussi, furtive ou pesante, longue ou courte, parfois brusque, mais ferme et autoritaire ; c’est ce qu’on appelle une caresse.
A l’autre, au crachat, il achète une conduite. Une tenue de circonstance. Une robe chromatique qui s’étale sur une gamme de texture plus que généreuse. Veloutée, pailletée, mate, satinée, chocolatée même lorsque l’adéquation au corps évoque un vêtement familier. C’est un voile de pudeur sensible, jusque là absolument inaccessible à sa condition première.

Cette image n’est plus célibataire. Elle élève le regardeur, tient compagnie et apaise les sens.
Là ou nous étions en crainte de réprimer un réflexe pavlovien, se révèle un touché michelangelesque.